
Explorer, Comprendre et Prévenir les Risques Médicolégaux

Edito
Information et perte de chance en cas d'utérus cicatriciel
Dr Jean-Pierre Chemla
Les gynécologues obstétriciens ont la responsabilité et le devoir de fournir à leurs patientes une information complète loyale et exhaustive mais qui se doit aussi d'être nuancée. L’information communiquée en cas d’utérus cicatriciel porte essentiellement sur le risque de rupture utérine qui est de 0,5 %, en cas de travail spontané et de 1 % en cas de déclenchement du travail. Elle porte aussi sur le risque immédiat, en termes de morbimortalité, et obstétrical, à long terme, selon le choix qui est fait. Ces praticiens ont aussi l'obligation de communiquer à leurs patientes les recommandations professionnelles sur le sujet qui sont plutôt en faveur d'une voie basse en cas d'antécédent de césarienne. Il leur est possible de donner ou non leur avis sur le choix de la voie d'accouchement même si la décision appartient en dernier ressort à la parturiente. Les conséquences de l'information communiquée sur le choix de la voie d'accouchement, dépendent, c'est une évidence, des modalités de sa délivrance et de la légitimité de la personne qui la délivre. Il n’existe pas, à ma connaissance, d’étude ayant évalué la probabilité pour qu’une parturiente, choisisse la voie haute, une fois dûment renseignée sur les risques d’une voie basse en cas d'antécédent de césarienne. Peut-on croire un seul instant, qu’informée des risques extrêmement faibles d’une voie basse qu’il recommande, par un médecin investi de sa confiance, une parturiente ferait un choix différent de celui conseillé qui pourrait s'apparenter alors à un jeu de pile ou face ? Tel est pourtant ce que prétendent certains experts, ou/et certaines Commissions et Tribunaux, en évaluant à 50 % la perte de chance en lien avec un défaut d’information. Ne serait-il pas plus réaliste de considérer, au contraire, comme le voudrait le simple bon sens, que la grande majorité des patientes suivrait les conseils de voie basse donnés par son obstétricien qui est, par nature, investi de sa confiance? En attendant qu'une étude, d’un bon niveau de preuve, viennent confirmer ce point de vue empirique, il est de l’intérêt bien compris des professionnels de l'obstétrique, de s’assurer de la traçabilité, dans le dossier médical, de l’information délivrée et de remettre, chaque fois que c’est possible, lorsqu’il existe, le document ad hoc édité, par la société savante de leur spécialité.